Par
Claude
Céleste COUMAYE
Parlant de la diplomatie
indépendante, Fouad NOHRA
affirme que ; « dans la
constellation des dynamiques diplomatiques non-gouvernementales, il est
essentiellement question d’une diplomatie conçue à l’image d’une « profession
indépendante »[1]. Une telle affirmation conduit
à s’interroger sur les fondements desdites dynamiques
diplomatiques non-gouvernementales. Des éléments de compréhension se
situent à plusieurs niveaux.
Fondamentalement, l’on peut convenir avec Fouad NOHRA lorsqu’il affirme qu’: « Attribuer la perte du monopole de
l’État sur l’initiative diplomatique à l’étape actuelle de la mondialisation
capitaliste devient monnaie courante et les arguments sont nombreux.»[2] Il fonde son affirmation sur
un certain nombre de réalités de la société internationale à savoir :
La crise des réponses étatiques à la globalisation
est d’autant plus édifiante que, la diplomatie
traditionnelle qui
avait pour objectif de réguler les conflits
traditionnels, ou de défendre les intérêts des Etats, est confrontée
aujourd’hui à de nouveaux défis qui ne peuvent trouver de solutions
satisfaisantes que par le biais de la diversification des cadres de
concertation et d’action. L’accélération des influences de l’homme sur les
systèmes naturels globaux, avec les changements climatiques comme exemple
emblématique, modifie aussi les relations internationales entre les Etats. La diplomatie traditionnelle se doit donc de reconnaître que les
nouvelles formes de menaces ou défis requièrent de nouvelles solutions et un
nouvel esprit de coopération. Et c’est précisément ce nouvel esprit de
coopération que nous entendons développer dans le cadre de la diplomatie indépendante pour arriver à
des nouvelles solutions.
C’est le lieu de relever ici qu’il y a une
multiplicité des niveaux de diplomatie, notamment en s’appuyant sur la théorie des trois échiquiers de Joseph Nye : «
l’échiquier supérieur, celui du hard power politico-militaire étant dominé par
les États-Unis, l’échiquier intermédiaire, celui des diplomaties économiques,
étant partagé par quelques grandes puissances, tandis que le
troisième échiquier serait celui des diplomaties non-gouvernementales, voire
infra-étatiques, sujettes au polycentrisme le plus radical et à la dispersion »[3]. La diplomatie indépendante dont il est question à 3D Conseil, se situe dans le troisième échiquier.
En raison des éléments sus-évoqués, l’on comprend
que les défis qui interpellent l’Humanité aujourd’hui, requièrent une
diversification des cadres de concertation et d’action, laquelle
diversification doit pouvoir conduire à la cristallisation de la place des
entités non étatiques dans les processus de relèvement des défis mondiaux. Et
parce que la société internationale n’est plus exclusivement interétatique, la
diplomatie ne saurait être confinée à l’action étatique. D’où la naissance et la promotion de la diplomatie indépendante.
Notre approche de la diplomatie indépendante n’est pas exclusivement celle qui se déploie dans le cadre des entités non étatiques, mais c’est aussi celle-là qui intègre l’action menée par des diplomates indépendants pour le compte de l’Etat. Autrement dit, il n’est pas exclu qu’un Etat, sur la base de l’expertise ou des expériences d’un diplomate indépendant dans un domaine donné, donne mandat à ce dernier pour conduire ou accompagner des négociations régionales ou internationales. C’est dire que notre approche de la diplomatie indépendante est celle-là qui intègre à la fois l’action menée aussi bien à l’échelle des entités non étatiques qu’à l’échelle des entités étatiques.